1. Accueil 2. Appels 3. La nostalgie dans tous ses états (Nancy) Actualité Appels à contributions La nostalgie dans tous ses états (Nancy) La nostalgie dans tous ses états (Nancy) * Date de tombée (deadline) : 30 avril 2017 -- novembre, 1^er et 2 décembre 2017 « La nostalgie est, elle aussi [comme Ulysse], rusée et polytrope, aux mille tours. » (B. Cassin) Bien que le mot lui-même soit assez tardif (1688), il semble néanmoins que le sentiment nostalgique ait déjà imprégné sociétés et cultures depuis l’Antiquité. Ainsi la nostalgie, « virtualité anthropologique fondamentale » (J. Starobinski), est-elle une attitude humaine abondamment exploitée par la littérature avant d’être qualifiée par un nom savant, passé ensuite dans la langue commune. Origine de la nostalgie entre médecine et littérature La diachronie nostalgique fait apparaître deux moments, deux orientations liées à deux champs sémantiques. D’une part, quelques grands textes épiques qui, en fondant une poétique de la nostalgie dont se nourrissent très vite la mémoire littéraire et la tradition intellectuelle occidentales, délimitent et organisent un usage littéraire et connotatif de la nostalgie. D’autre part, avec la naissance du mot par le médecin mulhousien Johannes Hofer (1688), le sentiment nostalgique devient une attitude pathologique, une maladie de -- scientifique. L’accélération de sa diffusion littéraire, nous le savons, eut lieu à l’époque romantique. Soumise au traitement des poètes et des écrivains, « la nostalgie s’ouvre dans un éventail de sentiments [...] se contamine avec toutes les formes d’une sensibilité qui connaît l’abandon à la rêverie et la blanche torpeur du spleen, -- Une affection de l'ailleurs et du jadis La nostalgie est étymologiquement et littérairement évoquée comme une émotion du retour, de la remontée vers les origines. Kant — dans son Anthropologie du point de vue pragmatique (1798) — fut -- l’avenir. La dimension spatiale s’enrichit d’une dimension temporelle : la nostalgie est donc une maladie de l’espace et du temps qui concerne le jadis et l'ailleurs. Il y aurait la nostalgie du temps, d’un temps révolu, irréversible, qui plus jamais ne sera celui qui a été vécu, et celle du lieu qui serait a priori un mal plus curable, une nostalgie plus guérissable dès lors que le retour est un horizon (V. Jankélévitch). On passe alors d’une pathologie objective (mal du pays - -- du regret de ce qu’il n’est pas, ce qu’il n’est plus ou ce qu’il ne sera jamais. Ainsi trois dimensions temporelles alimentent-elles la nostalgie : le regret du passé, l’insatisfaction du présent, et le désespoir de l’avenir. La nostalgie se situe à la croisée entre passé et futur, entre regret du pays et du temps perdus et désespoir d’être dans un autre pays et un autre temps (P. Dandrey). C’est en cela et pour cela que la nostalgie est décentrement, spatial et temporel. Nostalgie, imagination et mémoire Dans la représentation nostalgique de la vie antérieure, la conscience -- souffrance nostalgique. L’imagination créatrice est fille de la mémoire ; aussi parler de la nostalgie est-ce parler de mémoire, de temps et de narration (C. Mirabelli). Nostalgie et exil, souffrance et bonheur Le travail de construction mémorielle fantasmée se heurte -- évolution, de s’apercevoir que, comme tout a changé, le pays n’est pas aussi beau qu’on l’imaginait dans sa mémoire et que la tristesse de la perte était inutile. Au centre de la nostalgie point l’idée métaphysique que le retour ne préservera pas du fait que, même dans les lieux qui sont les lieux du passé et figés par la mémoire, le temps a -- certains — exilés politiques, particulièrement — l’exil est libérateur. Nostalgie héroïque/ les héros nostalgiques La tradition littéraire a consacré Ulysse comme le héros du no sto s et Y Odyssée comme « l’épopée fondatrice de la nostalgie » (M. Kundera). Chez Ulysse, se concentrent à la fois le regret d’Ithaque, l’insatisfaction de ne pas pouvoir y revenir et le désespoir de ne jamais y parvenir. Mais le retour n’est pas sans mal ; c’est pourquoi Jankélévitch considère que Ulysse a certes eu la nostalgie d’Ithaque mais aussi peut-être la nostalgie de la nostalgie une fois revenu à Ithaque, la nostalgie du voyage, de l’aventure, de « l’exploration passionnée de l’inconnu » (M. Kundera). Et Barbara Cassin, repérant « les deux faces » de la nostalgie, celle de l’« enracinement » et celle de « l’errance », reconnaît en Ulysse « l’aventurier, le nomade, citoyen du monde jusqu’en ses confins, chez lui partout et nulle part ». Que reste-t-il de la nostalgie une fois que l’on a retrouvé l’endroit dont on avait la nostalgie ? Par ailleurs, le mythe d’Orphée et celui d’Aristophane dans le Banquet renvoyant tous deux à la séparation, à la déchirure et à une souffrance ontologique (surtout pour le mythe d’Aristophane) ne seraient-ils pas par excellence le mythe de la nostalgie ? Axes de recherche -- d’autres notions et d’autres sentiments auxquels il est associé. D’autre part, il sera opportun de s’attacher à préciser les liens thématiques et conceptuels qui associent la nostalgie à la mélancolie, à l’exil, à la déchirure et au décentrement, au voyage et à la migration. -- Liens thématiques Nostalgie, déchirure, douleur, exil, imagination, langue, mémoire, mélancolie, origine, original, ostalgie, retour, trace, vestige(s). -- Les propositions de communication seront adressées à : colloque.nostalgie.nancy.2017@gmail.com Frais d’inscription pour les intervenants : 20 €. Les versements seront